Par Alexandra Gaboriau, consultante chez Chefcab

Le nouveau « Choose France », prévu le 17 novembre, rompra avec le faste des éditions précédentes. Fini les banquets à Versailles, les annonces d’investissements en cascade et les selfies avec les patrons du monde entier. Ce nouveau format, dédié cette fois aux entreprises françaises, se distingue des sommets habituels consacrés aux investisseurs étrangers. Plus sobre, presque austère, il a été annoncé à la dernière minute, en pleine bataille budgétaire. Un changement de ton révélateur : un Choose France « en mode crise », où l’exécutif cherche davantage à retenir ses entreprises qu’à séduire de nouveaux investisseurs.

« En réalité, l’événement veut symboliser une forme de résilience économique. »

Il marque peut-être aussi la fin d’un cycle : un volontarisme économique pris entre promesse de compétitivité et fractures sociales. Le Président orchestre désormais un sommet de la fidélité : « restez, s’il vous plaît », faute de pouvoir encore dire « venez, on vous attend ! ». Cette inflexion révèle sans doute l’essoufflement d’un récit où la France mise sur l’attractivité extérieure, alors qu’elle n’a pas restauré sa confiance intérieure.

Pourtant, tout n’est pas morose sur le front économique. À contre-courant des craintes, la croissance a surpris au troisième trimestre (+0,5 %), portée par des exportations solides et une industrie qui tient bon malgré les vents contraires.

« La France fait mieux que l’Allemagne et l’Italie, et presque aussi bien que l’Espagne. »

Avec un acquis de croissance de 0,8 % à fin septembre, le gouvernement pourrait bien dépasser sa propre prévision de 0,7 %. Une performance d’autant plus remarquable que le contexte politique reste bloqué.

Mais cette résistance ne doit pas faire oublier un autre signal d’alerte : le ralentissement sur le marché de l’emploi cadre. Selon l’Apec, les intentions de recrutement chutent à 43 %, leur plus bas niveau depuis 2020. Les jeunes diplômés sont particulièrement touchés : les embauches de jeunes cadres reculent de 16 %, et 84 % d’entre eux jugent leur insertion difficile. Un quart qualifie même son emploi d’« alimentaire ».

Ce Choose France, version “France d’abord”, sera donc moins une célébration qu’un moment de lucidité. L’Élysée veut croire à l’attractivité du pays, tout en prenant acte de ses limites. Reste à savoir si cette sobriété, plus réaliste que triomphante, peut ouvrir la voie à un rebond économique.