Par Alexandra Gaboriau, consultante chez Chefcab
Le Black Friday s’est imposé en moins d’une décennie comme un rendez-vous incontournable de nos achats. Importé des États-Unis, il doit surtout son succès en France à une pression économique qui s’est installée durablement.
Depuis la poussée inflationniste de 2022, il est devenu pour beaucoup de ménages une respiration avant les fêtes. On y achète plus tôt, pour étaler la dépense au lieu de la concentrer sur décembre. Cette logique semble largement partagée puisque selon le baromètre Ipsos BVA pour Rakuten, près de 8 Français sur 10 envisagent d’y acheter tout ou partie de leurs cadeaux de Noël.
« Parce que le budget s’est resserré, le succès du Black Friday dit la pression sur le “reste à vivre”. »
Alors que le pouvoir d’achat arrive en tête des critiques adressées au bilan présidentiel, avec 88 % de jugements négatifs selon une enquête Odoxa pour Le Figaro, il met en lumière la trajectoire de nos achats. Entre 2009 et 2019, la montée de l’e-commerce, portée par ces grands rendez-vous promotionnels, a détruit 85 000 emplois en France. En 2025, Temu ou Shein accélèrent encore cette fuite des achats vers des acteurs extra-européens.
« Ainsi, la taxe de deux euros sur les petits colis extra-UE votée dans le PLF 2026 constitue un premier pas pour rééquilibrer la concurrence et financer davantage de contrôles. »
Mais la réponse ne se construit pas uniquement au niveau national. Elle passe aussi par l’échelon local, et les municipales de 2026 offrent un moment utile pour la porter. Les communes n’ont pas la main sur les étiquettes, mais elles peuvent créer les conditions pour que l’achat local reste accessible et attractif.
« Dans cet esprit, un “Mois des prix justes” à l’automne pourrait rassembler les commerces volontaires autour d’offres repérables par un signe commun en vitrine et en ligne. »
Il s’agirait d’offrir un repère lisible pour acheter local à un prix abordable, sans renoncer au confort d’usage que beaucoup associent désormais aux grandes opérations en ligne. Cette initiative pourrait être portée par le conseil municipal, à travers une campagne de promotion d’ampleur, une mobilisation coordonnée des commerçants et une sensibilisation des habitants aux effets de leurs choix d’achat. Pour les commerçants, c’est une visibilité partagée, pour les communes, une occasion de redynamiser les cœurs de ville.