Par Corentin Dattin, consultant senior chez Chefcab 

Dans le sport, pour une équipe mal classée au championnat, on appelle ça une victoire qui fait du bien. On engrange de la confiance, on se rassure sur ses acquis et sur sa qualité de jeu. Nos supporters se ressoudent, pour un temps au moins. Mais on sait surtout que le plus dur reste à venir : confirmer au prochain match, pour éviter de retomber dans ses travers et lutter pour sa survie. 

« Pour Sébastien Lecornu, si l’important n’était pas de prendre les 3 points, la victoire obtenue mardi sur le vote du PLFSS à l’Assemblée nationale offre l’occasion de se tourner désormais vers la suite. »

La tactique politique mise en place par le Premier ministre depuis son arrivée à Matignon a fini par porter ses fruits, au prix de nombreux compromis, voire de reniements pour une partie des groupes composant ce qui reste du “bloc central”.

Jusqu’au bout, mardi soir, le vent de l’incertitude soufflait dans les travées d’un hémicycle bien garni pour l’occasion. Les Écologistes s’abstiendront-ils ou voteront-ils contre le budget de la Sécu ? Le “bloc central” parviendra-t-il à faire le plein, malgré les déclarations d’Édouard Philippe et de Bruno Retailleau appelant leur groupe respectif à ne pas voter en faveur de ce “hold-up fiscal” ?

« Les concessions faites au PS – suspension de  la réforme des retraites, suppression du gel des pensions et allocations ou encore suppression de l’augmentation des franchises médicales – ont conduit à un PLFSS que beaucoup au sein du groupe macroniste et de la droite ont jugé invotable. »

Le travail mené par Sébastien Lecornu pour entretenir un dialogue constant avec les différents groupes parlementaires – voire même à siéger en séance publique durant l’examen du PLFSS, fait rare – a sans doute contribué à rallier de précieux soutiens sur la droite de l’hémicycle. Il s’en sera fallu de 13 voix, grâce notamment à 18 LR et 9 députés Horizons ayant finalement choisi de presser le bouton vert. 

Une partie du chemin, pourtant, est seulement accomplie. La suite de l’examen du projet de loi de finances (PLF) sera une autre paire de manches.

« Pour l’heure, au jeu de la calculette parlementaire, les résultats sonnent faux. »

Le soutien obtenu des socialistes sur le PLFSS semble difficilement reconductible pour le vote sur le PLF, ce qui ne laisse que très peu (voire pas du tout) de marge au gouvernement pour espérer faire adopter ce texte. De plusieurs sources parlementaires, il semble que l’Assemblée nationale se prépare d’ores et déjà à siéger la veille de la trêve de Noel en vue d’examiner une loi spéciale qui autorise l’Etat à lever les impôts existants et à emprunter. L’hypothèse d’un budget voté au pied du sapin relève presque de l’illusoire. Mais tant qu’il reste des coups à jouer, la partie n’est pas terminée !