Par Alexandra Gaboriau, consultante chez CHEFCAB
« Le 30 avril dernier, le ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, Laurent Marcangeli, a présenté le premier “Plan de résilience des services publics face aux crises”»
À l’occasion d’un déplacement à Saint-Maur-des-Fossés, le 30 avril dernier, le ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, Laurent Marcangeli, a présenté le premier “Plan de résilience des services publics face aux crises”. Ce programme vise à mieux préparer les administrations à affronter les crises majeures – qu’elles soient climatiques, numériques, sanitaires ou énergétiques – et à garantir la continuité des services essentiels, y compris en situation d’urgence.
« Certains services publics jugés essentiels devront rester opérationnels en toutes circonstances. Sans surprise, la cybersécurité figure en première ligne, avec des chantiers lancés dans le cadre de la stratégie numérique de l’État »
Dès 2026, chaque service devra actualiser ses plans de continuité (PCA) et de reprise d’activité (PRA), en tenant compte de l’évolution des menaces. Les systèmes d’information critiques seront identifiés de façon transversale, testés chaque année par des simulations. Certains services publics jugés essentiels devront rester opérationnels en toutes circonstances. Sans surprise, la cybersécurité figure en première ligne, avec des chantiers lancés dans le cadre de la stratégie numérique de l’État : accès aux systèmes interministériels de gestion de crise, messagerie souveraine Tchap, renforcement des communications de résilience. Un séminaire dédié à la résilience numérique est d’ailleurs prévu le 10 juin.
Les crises récentes rappellent que la continuité des services ne peut plus être tenue pour acquise. En avril, Londres a subi une cyberattaque paralysant plusieurs hôpitaux, compromettant l’accès aux données patients et aux systèmes vitaux. Début mai, une panne géante a plongé la péninsule ibérique dans le noir.
Le plan présenté par Laurent Marcangeli entend d’abord faciliter l’engagement des agents publics dans les différentes réserves, en levant les freins actuels – complexité des démarches, manque de lisibilité des dispositifs, absence de reconnaissance dans les parcours professionnels. Si le ministre appelle aussi les employeurs privés à ne pas freiner les volontaires, son levier d’action reste en premier lieu tourné vers les 5,7 millions d’agents publics.
« Alors que la fonction publique peine à recruter et à fidéliser ses agents, la valorisation de l’engagement pourrait constituer un levier au service des DRH publics pour attirer et retenir leurs talents »
Ouvrir davantage les dispositifs de réserve nationale à ceux qui exercent déjà dans la fonction publique présente un double intérêt. Cela permet, d’une part, de proposer de nouvelles formes d’engagement aux agents qui souhaitent diversifier leurs missions ; d’autre part, de mieux préparer les services publics à faire face aux situations exceptionnelles, en s’appuyant sur des agents entraînés, et déjà engagés dans la culture du service public. Faciliter l’engagement des agents publics dans les réserves peut aussi contribuer à renforcer l’attractivité des carrières publiques. Alors que la fonction publique peine à recruter et à fidéliser ses agents, la valorisation de l’engagement pourrait constituer un levier au service des DRH publics pour attirer et retenir leurs talents. Par ailleurs, une étude de l’Institut Montaigne (avril 2025) indique que la fonction publique connaît un regain d’attractivité auprès des 16-30 ans, se plaçant juste après le luxe. Cet intérêt, nourri par des conditions de travail et un équilibre de vie jugés favorables, appelle à un engagement renforcé pour inscrire cette dynamique dans la durée. Ainsi, en structurant des formes d’engagement ponctuelles et reconnues à travers les réserves, le plan Marcangeli pourrait répondre à ces attentes, tout en appareillant l’État d’une force d’appui agile face aux crises.